vendredi 1 août 2014

Affaire de transmission



De Bergotte à Proust
et de Proust à moi



— Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, t. 1 : Du côté de chez Swann, 1913


Je ne fais que penser à Bergotte quand lisant à mon tour, je rencontre au détour d’une page, une phrase similaire à celle que je ne parviens pas à écrire, exprimant une idée proche de celle qui tapisse mon esprit, à cela près que sur cette page, elle me semble parfaite, limpide, et que je l'apprécie comme je suis incapable d'apprécier les miennes, sous leurs multiples formes, toutes aussi inconvenables, sans jamais parvenir à percer leur secret, sans même savoir si elles en possèdent un ou si, seulement, je me révèle plus bienveillant vis-à-vis de leur auteur que je n’accepte de l’être avec moi-même.

Et grâce à Proust, chaque livre, désormais, lorsqu'il m'intéresse, me devient une madeleine, ou un être inférieur prison de l'âme défunte de Bergotte que ma lecture libère.