mercredi 27 novembre 2013

Le Salon de l'Autre Livre

J'avoue... !

Du 15 au 17 novembre, s’est tenue à l’Espace des Blancs Manteaux, dans le Marais, l’édition 2013 du Salon de l’Autre Livre. Parmi 2 000 livres, 400 auteurs et 150 maisons d’éditions ( http://www.lautrelivre.fr/pages/presentation-salon ), dont certaines que j’aime beaucoup, d’autres que je voulais découvrir, j’y étais. Et j’ai acheté… presque rien.

Récit sous forme d’une confession un peu honteuse.

La raison d’être de ce billet tient à une intervention de mon ami Philippe Annocque ( http://hublots.over-blog.com ) sur un site que nous fréquentons tous les deux (j’espère qu’il ne m’en voudra pas de le citer ici).

« L'Autre Livre, c'est vraiment une mine pour les lecteurs ; il y avait beaucoup de choses intéressantes. », écrivait-il.

Une vraie mine, en effet. Et dont il est parfois difficile d'explorer les boyaux sans un bon plan ou un cicérone pour guider vos pas. Je me suis parfois senti perdu devant tant de pierres dont j'ignorais l'existence, incapable de distinguer les métaux vraiment précieux de l'or des fous. Au final, je me suis beaucoup perdu, j'ai marché en tout sens, lu les écriteaux qui décrivaient certains des minéraux sans parfois tout comprendre à leurs propriétés réputées fabuleuses ; j'ai passé mes mains sur leurs surfaces poreuses, parfois tranchantes, lisses aussi, de temps en temps, au point d’en devenir louches ; j'ai laissé leur éclat briller dessous mes yeux, parfois, je les ai trouvés ternes ; et quand dehors, il faisait plus nuit que dedans, mais toujours moins que dedans moi, je suis ressorti avec quelques échantillons, mais presque uniquement car un sentiment étrange, un quelque chose qui murmurait que ce serait trop bête, me retenait de repartir les mains vides : quand on est dans une salle au trésor, on se sent très idiot de ne pas grappiller quelques pièces…

Mais j’ai trouvé excessivement intimidantes toutes ces petites tables sur lesquelles se penchent moins de personnes qu'il ne s'en tient assises derrière. C'est délicat de consulter un livre lorsque derrière sa tranche, l'éditeur ou l'auteur lui-même guette tous vos faits et gestes. Comment le reposer une fois qu'on s'en est emparé ? « Merci beaucoup d’avoir pris des mois à écrire votre livre, de m’en avoir parlé pendant une heure, et croyez bien que je compatis à votre désarroi face aux décevants chiffres des ventes, et je comprends tout ce que vous avez investi dans cette oeuvre ; d’ailleurs, je vous apporte tout mon soutien car je suis persuadé, vraiment (vraiment-vraiment !) qu’il vaut bien mieux qu’un Faber le destructeur, qui grâce à trois petites lettes, doit se vendre par milliers. Mais je le repose, d’accord ? Une prochaine fois peut-être (mais n’y comptez pas trop - d’ailleurs, je sais bien que vous n’y comptez pas) : vous comprenez, l’offre est telle, et c’est la crise pour tout le monde. » Je ne sais pas comment les gens font, mais moi, ça me fait me sentir mal à l'aise. Alors, je ne m'approche qu'à pas feutrés, quand le cerbère assis s'est déjà levé pour s'occuper d'un autre curieux : une tête qui fouille ses yeux, l’autre sur le livre, la troisième qui vaque partout aux alentours. Moi, profitant de cette dispersion, les yeux tournés vers le texte, l'oreille tendue vers la conversation, à la fin, je ne comprends pas plus ce que je lis que je n'écoute ce que j'entends. Alors, je repars, et après deux heures de salon, je prends deux ou trois derniers bouquins presque au hasard, et je m'en vais vite.

Je lisais sur le site des Doigts dans la Prose ( http://www.lesdoigtsdanslaprose.fr ) que la journée avait été mauvaise. « Le problème du livre, y était-il écrit, c'est le lecteur, c'est le libraire, c'est l'éditeur. C'est l'incuriosité ». Et je me suis reconnu, hélas, dans ce lecteur à problème. Curieux et plein de bonnes intentions pourtant, mais le format, l'incapacité à distinguer dans cet espace le bon grain de l'ivraie, l'impression en m'emparant d'un livre, de faire la connaissance d'une fille sous l'oeil de son maquereau... tout cela fait que si j'espère être un lecteur, je ne suis peut-être pas un lecteur de salon.


Désolé.

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