Pour faire écho à l’article d’hier, la littérature française serait donc « nombriliste ». Bof. Sûrement pas plus qu’une autre. Mais quand bien même elle le serait, serait-ce vraiment un mal ?

Non pas qu'il soit nombriliste au sens où l'est celui qui examinant ses bourrelets dans la glace le matin, en vient à oublier les autres et des problèmes bien supérieurs, mais parce que lui-même devient son sujet d'étude et cette porte d'entrée vers l'autre, le spécimen de son espèce qui lui est le plus accessible. S'il s'intéresse à lui, c'est seulement dans la mesure où ce que lui révèle l'examen de son propre nombril peut indiquer sur eux. Son art, à mon avis, réside dans cet aller-retour perpétuel, dans cette mise en rapport entre son idiosyncrasie et une espèce d'âme universelle. Et c'est pour ça que Proust, en ne racontant jamais que les souvenirs de sa jeunesse bourgeoise, décrit si justement des sentiments et des comportements qui appartiennent à tous. Tandis que l'écrivain (dont il se moque, je crois, à un moment) qui, au cours d’une soirée, "observe" les comportements des convives ne reste jamais qu'à la surface des choses.
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